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Prix
Sciences humaines & sociales
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Les mains du miracle
Joseph Kessel
- Gallimard Jeunesse
- Folio Junior ; Textes Classiques
- 12 Mai 2022
- 9782075164573
Allemagne, 1939. Masseur réputé, le docteur Félix Kersten mène une vie aisée et tranquille. Jusqu'au jour où il est appelé au chevet d'un patient hors norme:Himmler, le redoutable chef de la Gestapo... Seul capable de le soulager, Kersten va peu à peu gagner sa confiance et tenter d'arracher aux griffes du régime nazi des milliers de vie.
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Tenir la ligne : 40 dessins pour Charlie (2015-2025)
Collectif
- Gallimard
- Tracts
- 2 Janvier 2025
- 9782073112347
« Sommes-nous encore Charlie ? Dix ans après les massacres de Charlie Hebdo et de l'Hypercasher, descendrions-nous encore dans la rue pour défendre le droit à la satire, à l'humour, et plus largement à notre liberté d'expression, et le rejet de toute forme de violence ? Alors que la France se prépare à cet examen de conscience autour des commémorations du 7 janvier 2015, on peut déjà dire qu'ailleurs dans le monde, la tendance n'est pas très Charlie. Depuis 2024, la majorité des terriens vivent dans un pays qui pratique la censure du dessin de presse, partielle ou totale. [...] Nous avons le devoir, parce que nous sommes quasiment les derniers debout, de brandir ostensiblement la bannière du droit à la satire et à la liberté de la presse. »
Kak, président de Cartooning for Peace -
Les Irresponsables : Qui a porté Hitler au pouvoir ?
Johann Chapoutot
- Gallimard
- Nrf Essais
- 6 Février 2025
- 9782073061195
Un consortium libéral-autoritaire, tissé de solidarités d'affaires, de partis conservateurs, nationalistes et libéraux, de médias réactionnaires et d'élites traditionnelles, perd tout soutien populaire : au fil des élections, il passe de presque 50% à moins de 10% des voix et se demande comment garder le pouvoir sans majorité, sans parlement, voire sans démocratie. Cet extrême centre se pense destiné à gouverner par nature : sa politique est la meilleure et portera bientôt ses fruits. Quand les forces de répression avertissent qu'elles ne pourront faire face à un soulèvement généralisé, le pouvoir, qui ne repose sur aucune base électorale, décide de faire alliance avec l'extrême droite, avec laquelle il partage, au fond, à peu près tout, et de l'installer au sommet. Cette histoire se déroule en Allemagne, entre mars 1930 et janvier 1933. Elle repose sur une lecture des archives politiques, des journaux intimes, correspondances, discours, articles de presse et Mémoires des acteurs et témoins majeurs. Elle révèle non pas la progression irrésistible de la marée brune, mais une stratégie pour capter son énergie au profit d'un libéralisme autoritaire imbu de lui-même, dilettante et, in fine, parfaitement irresponsable.
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«Deux siècles de révolte, métaphysique ou historique, s'offrent justement à notre réflexion. Un historien, seul, pourrait prétendre à exposer en détail les doctrines et les mouvements qui s'y succèdent. Du moins, il doit être possible d'y chercher un fil conducteur. Les pages qui suivent proposent seulement quelques repères historiques et une hypothèse de lecture. Cette hypothèse n'est pas la seule possible ; elle est loin, d'ailleurs, de tout éclairer. Mais elle explique, en partie, la direction et, presque entièrement, la démesure de notre temps. L'histoire prodigieuse qui est évoquée ici est l'histoire de l'orgueil européen.»
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«Il n'y a qu'un problème philosophique vraiment sérieux : c'est le suicide.» Avec cette formule foudroyante, qui semble rayer d'un trait toute la philosophie, un jeune homme de moins de trente ans commence son analyse de la sensibilité absurde. Il décrit le «mal de l'esprit» dont souffre l'époque actuelle : «L'absurde naît de la confrontation de l'appel humain avec le silence déraisonnable du monde.»
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Vu du Liban : La fin d'un pays, la fin d'un monde ?
Anthony Samrani
- GALLIMARD
- Tracts
- 5 Décembre 2024
- 9782073110732
«La libanisation, la vraie libanisation, n'est pas une maladie. C'est un remède.» Le vendredi 27 septembre 2024, un monde s'est effondré au Liban. L'assassinat de Hassan Nasrallah, l'homme le plus puissant, le plus adoré et le plus détesté, a plongé le pays dans l'inconnu. Tout est devenu possible. La guerre régionale et la guerre civile, l'implosion et l'explosion, le nouveau Liban ou la fin du Liban. Le Hezbollah le dévorait de l'intérieur. Israël le détruit de l'extérieur. Ce pays en morceaux, si prompt à importer les conflits des autres et à en faire les siens, peut-il se reconstruire dans une région en feu et dans un monde en plein délitement ? Cerné par les monstres, le Liban peut-il encore être «un pays plus grand que lui-même» ? Son échec n'est-il pas celui de tout un monde ? Après Gaza, sur quoi peut encore reposer l'espoir ?
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La colère et l'oubli : Les démocraties face au jihadisme européen
Hugo Micheron
- GALLIMARD
- Hors Serie Connaissance
- 20 Avril 2023
- 9782072980725
D'où vient le jihadisme ? Où va-t-il ? Depuis l'effondrement de Daech en Syrie, ces interrogations semblent avoir disparu du débat public. Certes, les affaires qui émaillent tragiquement l'actualité rappellent que le sujet du terrorisme islamiste est loin d'être réglé. Mais en dehors des attentats, il est urgent de comprendre ce qui a permis au jihadisme de devenir, en l'espace d'une génération, un enjeu politique, sociétal et démocratique de premier plan. Hugo Micheron retrace avec précision ce qu'est le jihadisme depuis 1989, au-delà de la simple menace sécuritaire et du seul cas de la France. Il propose la première histoire du jihadisme européen, un phénomène d'abord ignoré, dont les transformations sont passées inaperçues et dont les implications sont considérables pour les équilibres actuels et futurs des démocraties européennes. C'est un récit à hauteur d'hommes et de femmes, sur plusieurs continents, qui permet de comprendre pourquoi l'Europe a été autant frappée par les attentats, de Stockholm à Madrid en passant par Nice, Paris, Londres et Berlin. Il éclaire la nature du jihadisme en Occident, ses métamorphoses passées et présentes, et nous fait prendre conscience des enjeux de la décennie à venir, car c'est quand on s'y attend le moins que les attentats nous frappent.
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Surnommé «l'homme qui répare les femmes», le gynécologue et chirurgien Denis Mukwege a consacré sa vie aux femmes victimes de sévices sexuels en République démocratique du Congo. Dans une région où le viol collectif est considéré comme une arme de guerre, le docteur Denis Mukwege est chaque jour confronté aux monstruosités des violences sexuelles, contre lesquelles il se bat sans relâche, parfois au péril de sa vie. Dès 1999, il fonde l'hôpital de Panzi dans lequel il promeut une approche «holistique» de la prise en charge : médicale, psychologique, socio-économique et légale. Écrit à la première personne, La force des femmes retrace le combat de toute une vie en dépassant le genre autobiographique. L'héroïne du roman, c'est la femme composée de toutes ces femmes. L'auteur rend un véritable hommage à leur courage, leur lutte. Pour lui, il s'agit d'une lutte mondiale : «C'est vous, les femmes, qui portez l'humanité.» Ainsi, à travers le récit d'une vie consacrée à la médecine et dans un vrai cri de mobilisation, Denis Mukwege nous met face au fléau qui ravage son pays et nous invite à repenser le monde. La force des femmes clame haut et fort que guérison et espoir sont possibles pour toutes les survivantes.
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Guy Debord (1931-1994) a suivi dans sa vie, jusqu'à la mort qu'il s'est choisie, une seule règle. Celle-là même qu'il résume dans l'Avertissement pour la troisième édition française de son livre La Société du Spectacle : «Il faut lire ce livre en considérant qu'il a été sciemment écrit dans l'intention de nuire à la société spectaculaire. Il n'a jamais rien dit d'outrancier.»
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Le 8-octobre : Généalogie d'une haine vertueuse
Eva Illouz
- GALLIMARD
- Tracts
- 3 Octobre 2024
- 9782073090218
Quand les Lumières et leurs vertus ont été rejetées, l'antisionisme devient la seule vertu capable de rassembler ceux qui ont tout déconstruit.Eva Illouz Les grands événements ont leur jour d'après. C'est le sujet de ce Tract, qui s'interroge sur la révélation d'un antisémitisme de gauche au lendemain de l'attaque du Hamas contre Israël. Aurions-nous pu penser que, dans les milieux progressistes occidentaux, le 8 octobre 2023 puisse ne pas être le jour de la compassion unanime à l'égard des victimes des atrocités de la veille ? Au lieu de cela, on entendit, à New York comme à Paris, des voix autorisées saluer, avec une émotion jubilatoire, un acte de résistance venant châtier l'oppresseur israélien. Décomplexé, cet antisionisme radical a eu pour terreau un système de pensées, la «théorie» qui, avec sa passion déconstructiviste, tend à plaquer une structure décoloniale sur les événements du monde, au mépris du fait brut et de sa complexité. On peut mettre au jour les causes d'une guerre ; on cherchera plutôt ici à retracer la généalogie intellectuelle de ce qui nie l'évidence du crime... Et à remonter aux sources de cet antisémitisme de confort où le Juif cristallise ce que certains esprits jugent bon de reprocher à une partie de l'humanité.
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Pour le droit de vote dès la naissance
Clémentine Beauvais
- GALLIMARD
- Tracts
- 5 Septembre 2024
- 9782073102331
«Être un enfant, c'est déjà une forme d'expertise sur le monde.» Dans la file d'attente d'un bureau de vote, un enfant de six ans s'apprête à glisser, comme tout le monde, son bulletin dans l'urne. Si cette idée suscite l'hilarité chez la plupart des adultes, c'est que les enfants sont universellement jugés incapables de participer à ce rituel qui scelle le pacte démocratique. Que se passerait-il, pourtant, si l'on remettait en question ce préjugé ? Le droit de vote dès la naissance, réforme juste et nécessaire de la démocratie, sera l'occasion d'une réflexion collective, réjouissante et populaire, sur la compétence électorale, l'expertise politique, l'éducation civique et les affinités humaines au-delà des catégories d'âge.
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«Quand je dis que je travaille à un essai sur la vieillesse, le plus souvent on s'exclame¿ : "Quelle idée ! Mais vous n'êtes pas vieille ! Quel sujet triste..." Voilà justement pourquoi j'écris ce livre : pour briser la conspiration du silence. À l'égard des personnes âgées, la société est non seulement coupable, mais criminelle. Abritée derrière les mythes de l'expansion et de l'abondance, elle traite les vieillards en parias.
Pour concilier cette barbarie avec la morale humaniste qu'elle professe, la classe dominante prend le parti commode de ne pas les considérer comme des hommes ; si on entendait leur voix, on serait obligé de reconnaître que c'est une voix humaine. C'est l'exploitation des travailleurs, c'est l'atomisation de la société, c'est la misère d'une culture réservée à un mandarinat qui aboutissent à ces vieillesses déshumanisées. Elles montrent que tout est à reprendre, dès le départ. C'est pourquoi la question est si soigneusement passée sous silence ; c'est pourquoi il est nécessaire de briser ce silence : je demande à mes lecteurs de m'y aider.» Simone de Beauvoir Sylvia Bergé, de la Comédie-Française, nous offre une lecture talentueuse de l'incontournable essai de Simone de Beauvoir sur la vieillesse. -
160 000 enfants : Violences sexuelles et déni social
Edouard Durand
- GALLIMARD
- Tracts
- 8 Février 2024
- 9782073071927
«Le corps des enfants, le corps des femmes, négociables ou non négociables ?» Édouard Durand Le constat est effroyable, appuyé désormais sur d'innombrables témoignages : 160000 enfants sont sexuellement violentés chaque année en France... Elles sont là, à nos côtés, sous nos yeux, ces victimes, s'ajoutant à la foule des traumatisés d'un passé qui ne passe pas. Quel crédit la société porte-t-elle à ces voix de souffrance, lorsqu'elles ont osé se faire entendre ? Le juge Édouard Durand, qui a dirigé les travaux de la Ciivise pendant trois ans avant de s'en voir retirer la charge, a observé les mécanismes de déni encore à l'oeuvre dans la société. Il livre ici ses conclusions personnelles. Si, comme on l'entend encore trop souvent, «tout le monde savait», c'est que personne au fond ne voulait que ça se sache ; on préférerait que les victimes ne soient pas des victimes et que les criminels n'aient agressé personne. Mais entre l'impunité et la justice, il faut choisir. La parole des victimes doit être entendue sans arrière-pensée ; c'est là que tout commence, le premier geste non négociable de la protection de l'enfance. On ne pourrait aujourd'hui s'y soustraire sans créer un immense malaise.
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Peut-être avons-nous honte aujourd'hui de nos prisons. Le XIX? siècle, lui, était fier des forteresses qu'il construisait aux limites et parfois au coeur des villes. Elles figuraient toute une entreprise d'orthopédie sociale. Ceux qui volent, on les emprisonne; ceux qui violent, on les emprisonne; ceux qui tuent, également. D'où vient cette étrange pratique et le curieux projet d'enfermer pour redresser? Un vieil héritage des cachots du Moyen Âge? Plutôt une technologie nouvelle:la mise au point, du XVI? au XIX? siècle, de tout un ensemble de procédures pour quadriller, contrôler, mesurer, dresser les individus, les rendre à la fois «dociles et utiles». Surveillance, exercices, manoeuvres, notations, rangs et places, classements, examens, enregistrements, toute une manière d'assujettir les corps, de maîtriser les multiplicités humaines et de manipuler leurs forces s'est développée au cours des siècles classiques, dans les hôpitaux, à l'armée, dans les écoles, les collèges ou les ateliers:la discipline. Penser les relations de pouvoir aujourd'hui ne peut se faire sans prendre en compte l'ouvrage de Michel Foucault (1926-1984), devenu aussi indispensable à notre époque que le Léviathan de Hobbes le fut à l'époque moderne.
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Par-delà nature et culture
Philippe Descola
- GALLIMARD
- Bibliotheque Des Sciences Humaines
- 15 Septembre 2005
- 9782070772636
Seul l'Occident moderne s'est attaché à classer les êtres selon qu'ils relèvent des lois de la matière ou des aléas des conventions. L'anthropologie n'a pas encore pris la mesure de ce constat : dans la définition même de son objet - la diversité culturelle sur fond d'universalité naturelle -, elle perpétue une opposition dont les peuples qu'elle étudie ont fait l'économie. Peut-on penser le monde sans distinguer la culture de la nature ? Philippe Descola propose ici une approche nouvelle des manières de répartir continuités et discontinuités entre l'homme et son environnement. Son enquête met en évidence quatre façons d'identifier les « existants » et de les regrouper à partir de traits communs qui se répondent d'un continent à l'autre : le totémisme, qui souligne la continuité matérielle et morale entre humains et non-humains , l'analogisme, qui postule entre les éléments du monde un réseau de discontinuités structuré par des relations de correspondances ; l'animisme, qui prête aux non-humains l'intériorité des humains, mais les en différencie par le corps ; le naturalisme qui nous rattache au contraire aux non-humains par les continuités matérielles et nous en sépare par l'aptitude culturelle. La cosmologie moderne est devenue une formule parmi d'autres. Car chaque mode d'identification autorise des configurations singulières qui redistribuent les existants dans des collectifs aux frontières bien différentes de celles que les sciences humaines nous ont rendues familières. C'est à une recomposition radicale de ces sciences et à un réaménagement de leur domaine que ce livre invite, afin d'y inclure bien plus que l'homme, tous ces « corps associés » trop longtemps relégués dans une fonction d'entourage.
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Préférence nationale : Leçon d'histoire à l'usage des contemporains
Gérard Noiriel
- GALLIMARD
- Tracts
- 14 Mars 2024
- 9782073074829
La loi «Asile et immigration», votée le 19 décembre 2023 et en partie censurée par le Conseil constitutionnel, a placé au centre du débat une nouvelle polémique sur la «préférence nationale» - et rappelé que la majorité de nos concitoyens pensent qu'il est normal que celles et ceux qu'ils ont élus défendent en priorité leurs intérêts. Le «problème» de l'immigration s'est imposé dès les débuts de la IIIe République et il a ressurgi à chaque fois que notre société a été en crise. L'histoire montre que la fuite en avant dans une politique de plus en plus répressive à l'égard des migrants, menée au nom de la «préférence nationale», met en péril à la fois les valeurs humanistes de notre République et les principes démocratiques de l'État de droit. Après avoir mis en lumière ces leçons de l'histoire, Gérard Noiriel propose quelques pistes pour s'opposer plus efficacement au risque de dérive xénophobe du corps social.
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Aider à vivre : Pour des vies dignes d'être vécues jusqu'au bout
Haïm Korsia
- GALLIMARD
- Tracts
- 4 Juin 2024
- 9782073086235
« Il n'y a nul besoin de nouvelle loi sur la fin de vie car nous avons déjà établi que personne ne doit souffrir.» Haïm Korsia Que penser d'une communauté humaine qui concentre toute son attention sur l'aide à mourir alors que notre seule et constante préoccupation devrait être celle d'aider à vivre, à vivre sans souffrir et sans sentiment de culpabilité ? Ce débat existentiel, citoyen et politique dépasse la question des mourants ; il concerne chacun d'entre nous dans son rapport à la vie digne d'être vécue. Sans nier les questionnements légitimes qu'ouvre un tel sujet, et sans faire l'impasse sur aucun de ses doutes, Haïm Korsia prend position, au nom de sa foi, de la sagesse pratique et d'une expérience intime de l'humain - toutes voix de l'être compassionnel qui ne sauraient donner droit ni moyens à la demande de mort. Il s'agira dès lors d'accompagner mieux encore nos proches jusqu'au bout de leur vie, à droit égal et en toute humanité.
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L'opinion qui ne dit pas son nom : Du pluralisme des médias en démocratie
François Jost
- GALLIMARD
- Tracts
- 30 Mai 2024
- 9782073082862
« Qu'une opinion soit soutenue par dix plutôt que par un seul ne la rend pas plus diverse. »François JostÀ confondre la pluralité des médias, c'est-à-dire la multiplicité des canaux d'information et de divertissement, avec le pluralisme que la vie démocratique attend d'eux, on risque de mettre en grand péril la liberté d'expression. Le nombre ne garantit rien s'il est le masque du même : et le législateur, comme le sociologue, le sait bien qui craint l'uniformisation de ce qui est dit au plus grand nombre - la « voix de la France », de tradition gaullienne, autant que la voix du propriétaire, mal plus contemporain.Notre paysage audiovisuel est donc régulé depuis les années 1980 ; et c'est aujourd'hui cet encadrement, dans sa dimension la plus pratique, qui est mis à mal par un nouveau jeu de dupes : celui qui consiste à faire passer l'opinion, en particulier la plus radicale, pour de l'information. À ce niveau du jeu, tout est dans le détail ; il faut observer, comptabiliser, identifier. L'objectif est noble : éviter que l'opinion, envahissante, ne vienne de fait confisquer le droit à l'information. Un enjeu démocratique, qui déborde le seul temps des élections.
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Effondrement ; comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie
Jared Diamond
- GALLIMARD
- 11 Mai 2006
- 9782070776726
La question : « Comment des sociétés ont-elles disparu dans le passé ? » peut aussi se formuler : « Au rythme actuel de la croissance démographique, et particulièrement de l'augmentation des besoins économiques, de santé et en énergie, les sociétés contemporaines pourront-elles survivre demain ? »
La réponse se formule à partir d'un tour du monde dans l'espace et dans le temps - depuis les sociétés disparues du passé (les îles de Pâques, de Pitcairn et d'Henderson ; les Indiens mimbres et anasazis du sud-ouest des États-Unis ; les sociétés moche et inca ; les colonies vikings du Groenland) aux sociétés fragilisées d'aujourd'hui (Rwanda, Haïti et Saint-Domingue, la Chine, le Montana et l'Australie) en passant par les sociétés qui surent, à un moment donné, enrayer leur effondrement (la Nouvelle-Guinée, Tipokia et le Japon de l'ère Tokugawa).
De cette étude comparée, et sans pareille, Jared Diamond conclut qu'il n'existe aucun cas dans lequel l'effondrement d'une société ne serait attribuable qu'aux seuls dommages écologiques. Plusieurs facteurs, au nombre de cinq, entrent toujours potentiellement en jeu : des dommages environnementaux ; un changement climatique ; des voisins hostiles ; des rapports de dépendance avec des partenaires commerciaux ; les réponses apportées par une société, selon ses valeurs propres, à ces problèmes.
Cette complexité des facteurs permet de croire qu'il n'y a rien d'inéluctable aujourd'hui dans la course accélérée à la dégradation globalisée de l'environnement. Une dernière partie recense, pour le lecteur citoyen et consommateur, à partir d'exemples de mobilisations réussies, les voies par lesquelles il peut d'ores et déjà peser afin que, dans un avenir que nous écrirons tous, le monde soit durable et moins inéquitable aux pauvres et démunis.
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Le noeud démocratique : Aux origines de la crise néolibérale
Marcel Gauchet
- GALLIMARD
- Bibliotheque Des Sciences Humaines
- 10 Octobre 2024
- 9782073085313
Le désenchantement du monde n'avait pas livré tous ses secrets. Il comportait une suite que l'on n'attendait pas. On le croyait achevé. Il n'en était rien. Il est allé silencieusement à son terme au cours des quatre ou cinq dernières décennies. La sortie de la structuration religieuse des sociétés a libéré cette fois toutes ses potentialités en engendrant un «nouveau monde» déconcertant. L'étrange crise de la démocratie qui affecte le monde occidental en est un des aspects les plus troublants. Elle est l'opposé exact de la crise totalitaire qui a ravagé le premier XX? siècle. Celle-ci avait pour moteur l'aspiration à détruire la démocratie dite «bourgeoise» pour lui substituer des régimes supérieurs. La crise actuelle, à l'inverse, touche une démocratie dont les principes sont plébiscités, mais dont le fonctionnement n'en suscite pas moins une immense frustration et des fractures profondes au sein des peuples. Cette «crise de la réussite», comme il y eut un «vertige du succès» stalinien, est liée, montre Marcel Gauchet, à une lecture trompeuse de la nouvelle structuration collective née de l'effacement complet de l'empreinte sacrale. Elle induit une vision réductrice de la nature de la démocratie, aveugle au noeud qui tient ses éléments ensemble. Il faut la dire «néolibérale», dans un sens qui va bien au-delà de l'économie, même si elle consacre le règne de l'économie, puisqu'elle concerne tous les domaines de l'existence collective et en propose même un modèle global. Mais à l'exemple de l'expérience totalitaire en son temps, cette expérience qui en prend le contrepied a la vertu de mettre en lumière des conditions jusqu'alors mal identifiables de la bonne marche de nos régimes. C'est en fonction de ses enseignements que devra se repenser la démocratie de l'avenir.
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«Se révolter, c'est courir à sa perte, car la révolte, si elle se réalise en groupe, retrouve aussitôt une échelle hiérarchique de soumission à l'intérieur du groupe, et la révolte, seule, aboutit rapidement à la soumission du révolté... Il ne reste plus que la fuite.» Henri Laborit pose, à la lumière des découvertes biologiques, la question de notre libre arbitre, de notre personnalité même. La politique, la société, tout prend dès lors une autre dimension.
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«C'est un carnet de voyage au pays que nous irons tous habiter un jour. C'est un récit composé de choses vues sur la place des villages, dans la rue ou dans les cafés. C'est une enquête tissée de rencontres avec des gens connus mais aussi des inconnus. C'est surtout une drôle d'expérience vécue pendant quatre ans de recherche et d'écriture, dans ce pays qu'on ne sait comment nommer : la vieillesse, l'âge ? Les mots se dérobent, la manière de le qualifier aussi. Aurait-on honte dans notre société de prendre de l'âge ? Il semble que oui. On nous appelait autrefois les vieux, maintenant les seniors. Seniors, pas seigneurs. Et on nous craint, nous aurions paraît-il beaucoup de pouvoir d'achat, en même temps qu'on nous invisibilise. Alors que faire ? Nous mettre aux abris ? Sûrement pas ! Mais tenter de faire comprendre aux autres que vivre dans cet étrange pays peut être source de bonheur... Plus de cinquante ans après l'ouvrage magistral de Simone de Beauvoir sur la vieillesse, je tente de comprendre et de faire éprouver ce qu'est cette chose étrange, étrange pour soi-même et pour les autres, et qui est l'essence même de notre finitude. Tu as quel âge ? Seuls les enfants osent vous poser aujourd'hui ce genre de questions, tant le sujet est devenu obscène. A contrario, j'essaie de montrer que la sensation de l'âge, l'expérience de l'âge peuvent nous conduire à une certaine intensité d'existence. Attention, ce livre n'est en aucun cas un guide pour bien vieillir, mais la description subjective de ce que veut dire vieillir, ainsi qu'un cri de colère contre ce que la société fait subir aux vieux. La vieillesse demeure un impensé. Simone de Beauvoir avait raison : c'est une question de civilisation. Continuons le combat !» L. A. De sa voix chaude, Laure Adler délivre avec justesse un récit personnel sur la vieillesse, ce chemin «tendre, joyeux et vital».
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Bouleversement ; les nations face aux crises et au changement
Jared Diamond
- GALLIMARD
- Nrf Essais
- 17 Septembre 2020
- 9782070147229
Ce livre est une étude comparative, narrative et exploratoire des crises et des changements sélectifs survenus au cours de nombreuses décennies dans sept nations modernes : la Finlande, le Japon, le Chili, l'Indonésie, l'Allemagne, l'Australie et les États-Unis. Les comparaisons historiques obligent, en effet, à poser des questions peu susceptibles de ressortir de l'étude d'un seul cas : pourquoi un certain type d'événement a-t-il produit un résultat singulier dans un pays et un très différent dans un autre ? L'étude s'organise en trois paires de chapitres, chacune portant sur un type différent de crise nationale. La première paire concerne des crises dans deux pays (la Finlande et le Japon), qui ont éclaté lors d'un bouleversement soudain provoqué par un choc extérieur au pays. La deuxième paire concerne également des crises qui ont éclaté soudainement, mais en raison d'explosions internes (le Chili et l'Indonésie). La dernière paire décrit des crises qui n'ont pas éclaté d'un coup, mais qui se sont plutôt déployées progressivement (en Allemagne et en Australie), notamment en raison de tensions déclenchées par la Seconde Guerre mondiale. L'objectif exploratoire de Jared Diamond est de déterminer une douzaine de facteurs, hypothèses ou variables, destinés à être testés ultérieurement par des études quantitatives. Chemin faisant, la question est posée de savoir si les nations ont besoin de crises pour entreprendre de grands changements ; et si les dirigeants produisent des effets décisifs sur l'histoire. Tout en respectant la volonté première de ne pas discuter d'une actualité trop proche qui, faute de distance et perspective, rendrait le propos rapidement obsolète, un Épilogue, propre à l'édition française, esquisse, en l'état des données, une réflexion sur la pandémie du Covid-19.
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On célèbre en 1986 le bicentenaire de la conquête du mont Blanc, l'événement fondateur de l'alpinisme moderne. Pourtant, avant d'être découvert puis vaincu, le mont Blanc a dû être inventé. Philippe Joutard raconte ici la longue histoire de la haute montagne dans la sensibilité des hommes. Longtemp domaine maudit, interdit à leurs entreprises, la montagne entre dans l'imaginaire européen à la fin du Moyen Âge : curiosité scientifique, goût du risque, esthétique de la démesure mêlant des sentiments d'horreur et de beauté font d'elle, désormais, un lieu d' investissement privilégié. Des abîmes aux glaciers, des glaciers aux sommets, voici l' invention d'un paysage affectif et moral.